Sur ce balcon exigu, prend place un paysage miniature, ou plus exactement, l’évocation d’un paysage, essentiellement minéral : les rochers, galets, graviers, sables, suggèrent une grève, le lit d’un torrent, un bord de mer, la rive d’un fleuve …
Ce petit jardin sur le balcon est en fait l’un des éléments du projet plus vaste qui m’est confié en 2000 : la réorganisation complète de l’appartement. Son plan général (traditionnel : un couloir central et 2 pièces réparties de chaque côté) est converti en un espace complètement ouvert. Cette vaste et unique pièce, sans fermeture depuis l’entrée jusqu’à la chambre en bout de parcours, est organisée autour d’un îlot central, en forme de grand paravent peint, qui comprend les sanitaires (salle de bain et toilettes).
L’ensemble -appartement et jardin- doit recevoir « une touche japonaise ».
Je propose donc, pour l’appartement, une grande fluidité des espaces, des murs de placards, des étagères en disposition traditionnelle alternée (« chigaïdanas »), … des couleurs neutres évoquant les terres, les ombres, les ors, les végétaux, les nuages …
Pour le « jardin sur le balcon », un jardin sec « karesansui » est proposé. Une attention particulière est alors portée sur le minéral, élément prédominant : un choix restreint de couleurs (variations de gris), un agencement précis des différentes qualités de pierres, une implantation minimaliste de végétaux.
La vacuité -le vide et la tension entre les différents éléments de la composition- donne à l’espace, pourtant très limité du balcon, une expression de profondeur, d’immensité …
A chaque extrémité du balcon, des arrangements de pierres : l’arrivée d’un chemin qui descend en escalier sur la grève d’un côté … le flot bruyant d’un torrent imaginaire de l’autre …
La grille du balcon supporte en fond de scène une tôle de teinte neutre qui masque complètement le paysage urbain (et en partie le bruit de la rue).
Un store intérieur, réglable en hauteur, cadre la scène en filtrant doucement les couleurs changeantes du ciel.